Dégénérations  Ajouter une vignette


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À l’occasion du bel hommage que les collègues, anciens étudiants et amis ont offert au professeur de philosophie Daniel Tanguay à l’Université d’Ottawa en septembre 2024, on a fait référence à un de ses articles publié en 2003 dans la revue Mens et dont le titre est Une question sacrilège de Pierre Vadeboncœur. La lecture de cet article et du livre de Vadeboncœur auquel cet article fait référence, soit Les deux royaumes, a jeté un nouvel éclairage sur ma perception de la Révolution tranquille.

À l’occasion du bel hommage que les collègues, anciens étudiants et amis ont offert au professeur de philosophie Daniel Tanguay à l’Université d’Ottawa en septembre 2024, on a fait référence à un de ses articles publié en 2003 dans la revue Mens et dont le titre est Une question sacrilège de Pierre Vadeboncœur[1]. La lecture de cet article et du livre de Vadeboncœur auquel cet article fait référence, soit Les deux royaumes, a jeté un nouvel éclairage sur ma perception de la Révolution tranquille. Je croyais qu’un des objectifs de tous les auteurs de cette révolution était de briser l’influence spirituelle de l’Église, voire de liquider l’héritage catholique ; la lecture de l’article de Tanguay m’a sensibilisé au fait que le but visé par Vadeboncœur, un de ses artisans, était de «réévangéliser» un Québec enfermé dans un régime clérical corrupteur à la fois de la politique et de la religion. Le livre de Vadeboncœur témoigne du désenchantement qui l’affligea lorsqu’il prit conscience qu’en fait tout était en train de se déspiritualiser. L’auteur qui avait été éduqué par les Jésuites qui lui enseignèrent tout ce qu’il y a d’important à savoir dans la vie, fut profondément ébranlé de constater que « le désir de satisfaire à un meilleur appel de l’âme n’existait pas, ou était sorti de leur esprit, ou ne faisait pas en eux de lumière[2] … ». Les années 70 troquèrent la quête du meilleur contre la performance et l’insignifiance. Tout comme l’Insensé d’un profond texte[3] de Nietzsche, qui, s’effarant de constater l’inconscience des gens sur la place publique, sentit le besoin de vociférer pour les amener à prendre conscience de la vacuité de leur vie sans Dieu, Vadeboncœur qui ressentait une grande tristesse face à l’hédonisme, au mercantilisme et au militantisme de ces années, posa un question sacrilège à ses contemporains : cette révolution que nous avons réalisée est-elle aussi libératrice qu’on le prétend, n’avons-nous pas confondu liberté et licence ?

Vadeboncœur qui ressentait une grande tristesse face à l’hédonisme, au mercantilisme et au militantisme de ces années, posa un question sacrilège à ses contemporains : cette révolution que nous avons réalisée est-elle aussi libératrice qu’on le prétend?

Nous connaissons tous cette belle et interpellante chanson du groupe Nos Aïeux intitulée Dégénérations :

Ton arrière-arrière-grand-père, il a défriché la terre
Ton arrière-grand-père, il a labouré la terre

Mon ancêtre Jacques Lussier est arrivé au pays probablement à l’été 1665 avec le régiment de Carignan-Salières pour sécuriser les habitants de la Nouvelle-France contre les attaques des Iroquois. Après le traité de paix de 1667, plusieurs soldats démobilisés de ce régiment s’établirent sur les terres mises à leur disposition par l’administration coloniale. Jacques Lussier se vit octroyer des terres à Boucherville et à Varennes. Il s’y installa en 1669 avec Charlotte Lamarche, fille du roi, puis suite au décès prématuré de celle-ci, il se remaria en 1671 avec une autre fille du roi, Catherine Clérice. S’improviser fermiers pour ces deux Parisiens, ne dût pas être de tout repos. Défricher la terre, la cultiver, perdre trois de leurs enfants en bas âge dont un mort-né, les éduquer, perdre des proches lors d’épidémies, vivre sous la menace des incursions iroquoises, tout cela à nos yeux de contemporains, c’est de la misère noire, et pourtant la vie, la vie : on se mariait, on faisait baptiser ses enfants, on « swingnait fort dans les veillées », on offrait des funérailles dignes de ce nom aux siens.

Il m’arrive parfois d’imaginer la réaction que pourrait avoir mon ancêtre devant l’état actuel de notre nation. Il se réjouirait sans aucun doute de notre prospérité, mais s’étonnerait de constater que notre nation risque de disparaître. Il serait estomaqué de voir l’état lamentable du tissu social, de la famille; de constater que les jeunes refusent de s’engager, qu’ils ne se marient que rarement, que trop d’hommes arrivent au travail, comme le chante Charlebois « les yeux fermés bien durs », ou qu’il faille mettre des gants blancs de velours pour ne pas froisser leur sensibilité. Il se demanderait comment des hommes, pères de famille, ont pu voter une loi en 1991 autorisant une adolescente de 14 ans à se faire avorter sans le consentement de ses parents. La colère l’aurait manifestement submergé d’entendre un enfant-roi menacer son père de le poursuivre en justice pour lui avoir coupé les vivres. Puis, il n’en reviendrait tout simplement pas de voir avec quelle facilité sous prétexte d’égalité ou de discrimination positive les patrons et les élus jettent leur dévolu sur une personne incompétente ou qu’un néo-féminisme revanchard faisant preuve d’idéalisme déjanté et d’aveuglement volontaire revendique, la parité hommes-femmes dans tous les domaines. Un profond sentiment de pitié l’aurait sans doute envahi face au narcissisme victimaire de notre époque, particulièrement du féminisme en constant mode de jérémiade juvénile, et un rire inextinguible se serait emparé de lui face à la suffisante condescendance des néo-féministes qui sur toutes les tribunes cherchent à éduquer le mâle. Il s’étonnerait sans doute aussi que le ressentiment d’un grand nombre de gens à l’égard du clergé les ait amenés à jeter le bébé avec l’eau du bain, selon l’expression consacrée, et que nos politiciens aient décidé d’éradiquer la religion catholique des écoles alors qu’une grande majorité des parents choisirent dans les années 80 le cours d’éducation religieuse pour leurs enfants plutôt que le cours d’enseignement moral. Il s’indignerait du turpide manque de reconnaissance et de l’esprit de déconstruction qui amenèrent les autorités à débaptiser l’Hôpital Saint-Jean-de-Dieu en 1976 en celui d’Hôpital Louis-H. Lafontaine, alors que les Sœurs de la Providence s’occupèrent pendant plus de 100 ans de nos malades mentaux en fondant cet hôpital en 1873. Copie quasi conforme à Québec où on renomma l’Hôpital Saint-Michel-Archange en celui de Centre hospitalier Robert-Giffard, alors que dès 1893 les Sœurs de la Charité firent preuve de beaucoup de charité en prenant soin de nos malades mentaux.

Ton arrière-arrière-grand-mère, elle a eu quatorze enfants
Ton arrière-grand-mère en a eu quasiment autant
Et pis ta grand-mère en a eu trois, c’tait suffisant
Pis ta mère en voulait pas, toé t’était un accident
Et pis toé ma p’tite fille, tu changes de partenaires tout l’temps
Quand tu fais des conneries, tu t’en sauves en avortant

Mon ancêtre Catherine Clérice-Lussier n’en reviendrait sûrement pas de constater qu’une femme au foyer, une «trad-wife», est aujourd’hui objet de dérision de la part d’un grand nombre de bourgeoises et que le Québec connaît un des plus faibles taux de fécondité de son histoire[4]. Elle serait révulsée de voir qu’une vie en gestation[5] ait si peu de valeur et que des femmes ministres, sans doute bien intentionnées, aient utilisé l’appellation racoleuse d’aide médicale à mourir pour voiler la réalité de suicides, d’euthanasies. Elle serait heureuse et fière des combats que remportèrent les premières féministes pour le droit des femmes, et de voir ses filles devenir médecins, avocates, scientifiques de renom, mais aurait eu honte de cette petite oie blanche qui, emportée par la mouvance de #moiaussi, décida après deux ans de tergiversations de poursuivre anonymement, un homme de pouvoir pour agression sexuelle alors que, majeure depuis plusieurs années, elle aurait pu le repousser : elle s’en abstint par faiblesse et par crainte de perdre son poste. Mon ancêtre aurait trouvé le courage de cette jeune femme, encensée dans les journaux, bien pâle en comparaison de la bravoure d’une Jeanne d’Arc[6]. Enfin, elle aurait été médusée de l’irrationnalité hystérique des néo-féministes dont témoigne brillamment le tout récent mouvement 4B dont les adeptes disent non au mariage, aux rencontres romantiques, aux relations sexuelles avec les hommes et à la maternité[7].

Mes ancêtres se demanderaient sûrement ce qui s’est passé pour qu’on en soit arrivé à un tel degré de dégénérescence. Ils en trouveraient sûrement dans le fait que les artisans de la Révolution tranquille ont embrassé sans trop de discernement les idées des penseurs modernes à l’origine de la déspiritualisation, de la mercantilisation et de la désincarnation opérée par une conception mécanique de l’être humain. Sur ce thème de la désincarnation, ils auraient beaucoup appris à la lecture des articles que Jacques Dufresne a publié dans la Lettre de l’Agora [8].

Aujourd’hui, la lucidité et l’enthousiasme de ces jeunes qui se forment aux humanités plutôt qu’aux sciences et qui voient la différence entre une vie vécue à l’horizontale et celle qui se vit aussi à la verticale, nourrissent en tout cas mon espérance.

Devant l’état lamentable de notre société mes ancêtres auraient-ils dit à leurs descendants qu’il n’y a rien à faire pour changer la donne ? J’en doute fort, car ils savaient se tenir debout et espérer. Aujourd’hui, la lucidité et l’enthousiasme de ces jeunes qui se forment aux humanités plutôt qu’aux sciences et qui voient la différence entre une vie vécue à l’horizontale et celle qui se vit aussi à la verticale, nourrissent en tout cas mon espérance. Chesterton disait qu’un « être mort peut suivre le courant, mais que seul un être vivant peut aller à contre-courant. » À n’en point douter, ces Raphaël, Eva, Laura-Maude, Gabriel, Jérémie et tant d’autres jeunes sont, je vous l’assure, bien vivants.


[1] https://www.erudit.org/fr/revues/mensaf/2003-v3-n2-mensaf01359/1024641ar.pdf

[2] Les deux royaumes, page 14 .

[3] Gai savoir, page 136 .

[4] « L’indice synthétique de fécondité a diminué de nouveau pour s’établir à 1,38 enfant par femme en 2023, soit l’une des plus faibles fécondités de l’histoire du Québec. » Institut de statistiques du Québec, https://statistique.quebec.ca/fr/produit/publication/naissances-fecondite-bilan-demographique .

[5] « Plus crûment, l’avortement ne signifie-t-il pas dans sa signification profonde la fermeture à l’autre en soi-même ou le remplacement du rapport à autrui par la tentation solipsiste où le moi est la seule réalité existante ? » Jean-Philippe Trottier, Le grand mensonge du féminisme, Michel Brûlé, 2007, page 13.

[6] Voir l’excellent article de Me Jacques Larochelle publié dans une précédente Lettre de l’Agra, https://agora.qc.ca/chroniques/comparaison-de-deux-heroines .

[7] Si ce tout récent mouvement serait jugé extrémiste par la majorité des femmes, il n’en demeure pas moins que plusieurs féministes ont un problème avec les hommes, de l’avis même d’une grande féministe américaine : « Elles craignent et méprisent le masculin. Les féministes universitaires pensent que les rats de bibliothèque intellos qui leur servent de maris personnifient le modèle idéal de la virilité humaine. » Camille Paglia, Femmes libres, hommes libres, PUL, 2019, page 94 .

[8] Https://agora.qc.ca/recherche?q=désincarnation

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Ernest Gagnon et l’âme du Canada français  Ajouter une vignette


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Monsieur Bernard Cimon nous offre dans la collection Les archives de folklore des Presses de l’Université Laval, une œuvre érudite sur un personnage méconnu de notre histoire nationale, monsieur Ernest Gagnon ( 1834-1915 ).

Il trace la biographie de ce citoyen de la ville de Québec avec comme toile de fond une description minutieuse de la vie à Québec de la seconde moitié du XIXe siècle jusqu’aux premières années du XXe siècle. Outre les grands moments de sa vie personnelle, de ses principales réalisations, l’auteur cherche à découvrir, comme le titre l’indique, l’âme du Canada français, mais aussi l’âme du personnage étudié. 

Dans toutes ses réalisations, Ernest Gagnon s’est montré un fier Canadien français, un patriote et un fervent catholique. Peu importe les activités auxquelles cet homme s’est adonné, il n’a eu de cesse de défendre et de promouvoir la foi, que ce soit à titre de père de famille, d’organiste à la basilique de Québec ou à l’église Saint-Jean-Baptiste, soit en harmonisant les Cantiques populaires pour la fête de Noël, soit en préservant de l’oubli les chansons populaires du Canada, soit en écrivant des livres d’histoire comme son Louis Jolliet, soit à titre de pédagogue ou d’officier public, notamment en veillant à ce qu’on érige des monuments pour que nous nous souvenions,  tel le monument à la foi, situé sur la Place d’Armes, tels les monuments à Champlain, à Montcalm, ou à Jeanne Mance, devant l’Hotel-Dieu de Montréal.

Il semble qu’il ait inspiré à Eugène-Étienne Taché notre devise « Je me souviens ». Il voulait que nous n’oublions pas nos origines, le labeur de nos ancêtres, leur héroïsme, leur joie de vivre qui transpirait notamment dans nos chants populaires, notre résilience en tant que nation laquelle a survécu à l’exil de l’élite française après la conquête, au constant effort d’assimilation des anglophones, et le rôle crucial que tint le clergé dans notre survie. 

Au sujet de l’éducation, il tint des propos qui, nous confie monsieur Cimon, restent valables aujourd’hui : « La vérité est que la science peut bien éclairer les intelligences, mais la religion seule moralise ». Ce disant, en ce temps où la religion est objet de dérision et mise au ban par  les héritiers de la Révolution tranquille qui ne cessent de carburer au ressentiment, l’auteur risque de ne pas vendre beaucoup de livres. Je crois qu’il faut remercier Bernard Cimon pour le courage dont il fait ici preuve, en affirmant que la foi a joué un rôle essentiel dans notre histoire. Il serait sans doute légitime de se demander si son évacuation du domaine public a fait de nous, au dire des opinions qu’on prête aux jeunes immigrants, des gens méprisables. C’est du moins ce que rapportait madame Audrey-Martin Turcotte, dans un article paru dans le Devoir en février : les jeunes immigrants nous méprisent nous voient comme « un sous-peuple, qui n’a pas de valeurs, pas de manières, pas de culture, pas d’éducation, une nation qu’on peut piétiner sans retenue ». À la lecture de son article, mon sang n’a fait qu’un tour et m’est venu à l’esprit une image pas trop politiquement correcte; comment peut-on mordre la main de qui nous accueille, nous offre des soins de santé et nous ouvre ses écoles ? Puis je me suis calmé et j’ai cherché à comprendre les raisons de ce mépris. Je me suis mis dans la peau d’un jeune immigrant pour comprendre leur rejet de la culture québécoise. La famille est le premier milieu où nous acquérons nos valeurs. Quelles sont les valeurs de ces familles fraîchement arrivées au Québec ou encore enracinées dans les traditions de leur pays d’origine ? Comment vivent-ils ? La mère est une femme au foyer, les grands-parents vivent dans la maison familiale, le père a de l’autorité, on fait tout pour donner aux enfants une éducation digne de ce nom et on y pratique une religion. Que voient-ils quand ils nous regardent ? Des parents qui placent leurs enfants dans des garderies, qui ne les éduquent plus, qui tolèrent que ceux-ci les traitent avec un total manque de respect pour éventuellement ne plus leur adresser la parole, des  gens qui casent leurs pères et leurs mères dans des résidences pour personnes âgées, des enfants-rois qui à l’école méprisent leurs professeurs et refusent d’apprendre quand ça devient trop ardu, des mécréants qui ne veulent ni maître, ni Dieu, qui se gargarisent de s’être libérés de la religion de leurs ancêtres méprisant au passage ces communautés religieuses qui, en dépit de leurs tares, les ont soignés et éduqués, une société où les femmes font carrière plutôt que de faire des enfants, où elles s’habillent, pour le dire poliment, très légèrement. Une société où on facilite le suicide assisté.

Bernard Cimon a écrit un excellent livre qui malheureusement sera conspué par l’intelligentsia issue de la Révolution tranquille.

Son livre ne se lit pas comme un roman, mais c’est le prix à payer quand on rédige une œuvre de calibre universitaire. Néanmoins, l’auteur réussit à égayer sa présentation en intercalant un prélude, des interludes et un postlude. Il imagine alors, par exemple, comment monsieur Gagnon a pu vivre certains moments significatifs de sa vie, comme sa première rencontre avec celle qui deviendra son épouse, ou comme le heureux hasard qui l’amena à découvrir dans une librairie d’occasion, sise en face de l’église Saint-Jean-Baptiste, une légende rapportée par Henri-Raymond Casgrain, laquelle inspira une des œuvres musicales d’Ernest Gagnon, l’Incantation de la Jongleuse. Mais même dans ces moments ludiques, l’auteur demeure appliqué à connaître l’âme de son protagoniste; dans l’impossibilité où il se trouvait alors de trouver un violoniste, covid oblige, il passa une nuit blanche à entrer ce morceau dans un logiciel afin de pouvoir le jouer en s’accompagnant au piano, et ainsi juger à quel point Ernest Gagnon avait bien rendu musicalement cette légende.

Bref, une biographie écrite dans un très bon français, un livre érudit, qui nous permet de connaître un patriote modéré qui a défendu notre langue, notre nation et qui reconnaissait que notre peuple doit à l’Église catholique d’avoir survécu aux nombreuses épreuves auxquelles il fut confronté. Il est cependant triste de constater que ce fervent croyant ait été partisan du gaumisme, une philosophie de l’éducation visant à exclure les auteurs romains et grecs comme Virgile ou Homère, pour n’enseigner que les auteurs chrétiens. Il pensait ainsi renouer avec les débuts de la chrétienté, ce qui s’avère faux, car si au début du christianisme certaines personnes ont rejeté pusillanimement la paidéia des Grecs, par contre, les Pères de l’Église comme Clément d’Alexandrie ont reconnu l’importance de la culture grecque pour se former intellectuellement, pour comprendre et défendre sa foi; il affirmait que les chrétiens ne devaient pas « avoir peur de la philosophie, comme les enfants d’un épouvantail ». 

Il y a quelques ressemblances entre Bernard Cimon et Ernest Gagnon. Tous deux sont des amants et des défenseurs de la langue française, tous deux sont des musiciens qui cherchent à    valoriser les chansons françaises (1), tous deux manient bien la plume, tous deux font œuvre d’historien. Autre ressemblance, en écrivant ce livre, Bernard Cimon érige un monument à la mémoire d’un grand homme inconnu, tout comme Ernest Gagnon travailla à l’érection de monuments à nos grands héros nationaux, dont Champlain et Montcalm.


1. Bernard Cimon est un chansonnier dont le répertoire est constitué des vieilles chansons françaises et québécoises, dont certaines sont de lui. Je ne crois pas rendre justice à la qualité de sa poésie en suggérant d’écouter la chanson suivante, mais je crois qu’elle permettra de dérider le lecteur de nos propos fort sérieux et ainsi, aussi, faire ressortir une dernière ressemblance entre ces deux hommes, leur sens de l’humour.

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Ne me farde pas la mort, mon noble Ulysse  Ajouter une vignette


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L’euthanasie que nous pratiquons n’est pas eugénique ; c’en est une de compassion, mais on peut se demander si ce noble sentiment n’est pas aujourd’hui débridé. Aristote, qui définit le courage comme un juste milieu entre la lâcheté et la témérité, n'aurait probablement pas qualifié de vertu la compassion.

Ne serait-ce qu’en raison de ce passage de l’Odyssée d’Homère, où l’intrépide et insatiable curiosité d’Ulysse le mène aux Enfers, jeunes aussi bien qu’adultes, auraient tant à gagner à redécouvrir la littérature gréco-latine qui regorge de beauté et de grandeur. La connaissance de l’Antiquité, et de l’histoire de manière générale, nous permet de mieux connaître qui nous sommes, sur le plan personnel et sur le plan sociétal ou civilisationnel. 

Toutes les grandes questions portant sur l’existence humaine ont déjà été posées dans cette littérature, dont la dure réalité de la souffrance, de la mort et du suicide. La réponse d’Achille à Ulysse, qui veut lui farder la mort en disant que sa vie en Hadès est pour lui sans tristesse, ne laisse aucun doute quant à l’amour que les anciens Grecs portaient à la vie : « J’aimerais mieux, valet de bœufs, vivre en service chez un pauvre fermier, qui n’aurait pas grand-chère que régner sur ces morts, sur tout ce peuple éteint. » C’est tout dire quand on connaît le mépris que les grands portaient aux petites gens, aux serviteurs. Hadès est, de tous les dieux, celui que les hommes haïssent le plus nous raconte l’Iliade. La vie même triviale, roturière, plutôt que la mort. 

Les Grecs, certes, aimaient beaucoup la vie, mais pas à tout prix, car pour les grands dans l’Antiquité, une vie sans gloire, sans honneur, ne vaut pas la peine d’être vécue. Hector, héros de l’Iliade aime tendrement son épouse Andromaque, mais il refuse, comme elle l’en supplie, de fuir le combat, car il aurait terriblement honte de demeurer comme un lâche loin de la bataille. Caton d’Utique, face à la victoire de César, voyant la liberté enchaînée, s’éventre. Lucrèce, fidèle épouse de Tarquin Collatin, se suicide, jugeant avoir perdu son honneur après avoir été violée.

Dans l’Antiquité, les nobles mouraient avec panache, mais n’idéalisons pas trop cette lointaine époque, car on se suicidait alors aussi en raison d’une peine d’amour, un échec financier, et pour les mêmes raisons qui poussent aujourd’hui les gens à demander «l’aide médicale à mourir», à savoir, la peur de souffrir, le refus de se voir diminué, comme en témoigne ce passage des Mémorables (IV, 8, 8) de Xénophon qui rapporte ces paroles de son illustre maître Socrate : « Si je vis plus longtemps, il est sans doute inévitable que je subisse les inconvénients de la vieillesse : ma vue et mon ouïe faibliront, mon intelligence déclinera, j’aurai plus de difficulté à apprendre, je deviendrai plus oublieux, et je deviendrai inférieur à ceux qu’auparavant je surpassais. » (1)

Dans sa soixante-dix-huitième lettre, Sénèque prodigue à un ami malade un conseil pour l’aider à affronter la souffrance, la maladie, à savoir qu’il lui faut voir le mal comme un ennemi à terrasser. Tous les Romains n’étaient sans doute pas aussi stoïques que Sénèque, mais les conditions de vie d’alors obligeaient le commun des mortels à être dur à son corps. Plutarque nous raconte, dans sa Vie de Camille, qu’en dépit de son âge et de sa mauvaise santé, le peuple ne le dispensa pas d’une charge militaire. Nous, modernes, abordons-nous la vieillesse et la souffrance avant autant de virilité ? Si Sénèque revenait à la vie, il trouverait sans nul doute que nous avons dévoyé, dénaturé la compassion en courbant l’échine devant la douleur, la maladie, les larmes, le désespoir.

Nihil novi sub sole, rien de nouveau sous le soleil. En un sens, cet adage se vérifie, car de tout temps, les hommes ont eu peur de la souffrance, de la mort, et se sont suicidés pour les mêmes raisons, bien que de manières différentes. Il y a néanmoins du nouveau sous le soleil de l’Occident : nos États légifèrent pour faciliter le suicide et inciter le corps médical à rompre son serment d’Hippocrate, ce que ni la Grèce, ni Rome, ni la chrétienté n’ont osé faire. Ces civilisations appelaient un chat, un chat, pour reprendre l’expression de Soljenytsine. Elles appelaient les réalités par leurs noms, n’auraient jamais camouflé sous l’appellation trompeuse « d’aide médicale à mourir » ce qui en réalité est suicide et euthanasie, et elles se seraient grandement inquiétées de voir leur pays remporter la palme mondiale du nombre de suicides assistés, palme que remporte le Québec. Dans un article paru dans le journal Le Monde l’année dernière, monsieur Louis-André Richard, professeur de philosophie, résume bien la situation : 

« D’une intention de la prise en charge de la souffrance réfractaire rare, on passe vite à un accès facile au suicide assisté. J’en veux pour preuve qu’au Québec nous sommes passés de 6 cas en 2015 à 3663 en 2022 ! J’en veux pour preuve la vitesse d’expansion de l’admissibilité. Nous élargissons sans cesse le périmètre d’applicabilité de la loi. Instituée pour les malades en toute fin de vie, on la réclame pour ceux atteints de pathologies chroniques, pour ceux atteints de troubles mentaux et bientôt pour les enfants. »

Selon le rapport annuel de la commission sur les soins de fin de vie, du 1er avril 2022 au 31 mars 2023, 5 211 personnes ont eu recours à « l’aide médicale à mourir », une augmentation de 42% comparativement à l’année précédente, et les pressions médiatiques ne cessent de prêcher pour l’agrandissement du « périmètre d’applicabilité de la loi ». Le 1er février 2024, le gouvernement du Canada a déposé un projet de loi proposant de prolonger jusqu’au 17 mars 2027 l’exclusion temporaire de l’admissibilité des personnes dont le seul problème médical invoqué est une maladie mentale. Il est loin d’être farfelu de penser qu’un tuteur ou des parents épuisés par les soins à prodiguer à un enfant handicapé, la demandent pour cet enfant. 

Certes, l’euthanasie n’est pas imposée, mais dorénavant nous sommes tous, individus, corps médical et services sociaux, contraints de l’envisager, voire de la proposer. « Aide médicale à mourir » ou soins palliatifs. La caporale à la retraite, Christine Gauthier, une ancienne athlète des jeux paralympiques se plaignant des retards frustrants pour obtenir un ascenseur, s’est vue proposer « l’aide médicale à mourir » par une travailleuse sociale. Sans doute l’a-t-elle proposée par boutade ou parce qu’elle était harassée par les demandes insistantes de cette ex-militaire, du moins faut-il l’espérer, mais il ne faut pas être un grand clerc pour comprendre qu’une personne en sévère dépression à qui on offrirait une telle porte de sortie la prenne. 

L’euthanasie que nous pratiquons n’est pas eugénique ; c’en est une de compassion, mais on peut se demander si ce noble sentiment n’est pas aujourd’hui débridé. Aristote définit le courage, comme un juste milieu entre la lâcheté et la témérité ; je ne crois pas que ce philosophe ait qualifié de vertu la compassion, mais il appert qu’on peut en avoir insuffisamment ou trop. Plusieurs handicaps et maladies dégénératives sont terribles et on comprend qu’à leur approche certains préfèrent hâter leur mort. On se prend cependant à espérer que si notre société leur offrait de l’aide à vivre au lieu d’une aide à mourir, leur désespoir serait moindre. Promouvoir une éducation libérale constitue une telle aide à vivre, car l’histoire n’est pas qu’un bourbier d’où s’exhalent les odeurs putrides et nauséabondes des hommes et des femmes qui par haine ont répandu la mort, elle est aussi un ciel étoilé où brillent des discours inspirants et des gestes de gens morts par amour. Offrir sa vie, mourir par amour de la liberté, par amour des mal-aimés, des laissés-pour-compte, par amour du prochain, nous en voyons encore des exemples aujourd’hui : Navalny, l’Arche, les préposées dans les résidences pour personnes âgées, le gendarme Arnaud Beltrame qui, en mars 2018, prit délibérément la place d’une femme tenue en otage par un terroriste, sachant que son geste lui coûterait la vie. D’où ces personnes ont-elles puisé la force de se sacrifier ainsi ? Dans le cas d’Arnaud Beltrame, le journaliste Christian Rioux, dans une chronique parue dans le Devoir, suggère que l’héroïsme de cet homme s’explique par l’éducation qu’il a reçue, « une éducation classique à faire dresser les cheveux sur la tête de nos pédagogues. » Inutile, je crois, de préciser la source où se sont abreuvés le fondateur de l’Arche ainsi que les hommes et les femmes qui vécurent dans des institutions de bienfaisance pour prendre soin de nos malades, de nos orphelins et des personnes handicapées.  

L’histoire, la philosophie et la littérature, étudiées de façon respectueuse, c’est-à-dire quand elles ne sont pas comprises à la lumière de nos préjugés ou idées à la mode, pourraient nous venir en aide. Il est grand temps de repenser notre système scolaire, de mettre fin à la dévalorisation de l’étude des humanités, dévalorisation amorcée par la tabula rasa de Descartes dans son Discours de la Méthode, au profit des sciences au sommet desquelles il plaça la médecine. Notre société aurait tant à gagner si nos écoles formaient davantage le jugement des jeunes au contact des grands auteurs.

  1. Pour la question de la mort de Socrate, voir : Richard Lussier, Socrate, un portrait inédit en deçà des Socrate dramatiques, PUL, 2016, pages 116 à 128.
Richard Lussier, 28 février 2024

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Par-delà l’aide médicale à mourir  Ajouter une vignette


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L’appellation aide médicale à mourir présente cette pratique comme un acte de compassion, mais en fait, on est en présence d’un acte médical qui consiste à aider des gens à se suicider ; un médecin, qui a prêté le serment de ne jamais provoquer la mort délibérément, enlève la vie à un malade. Qu’on ait légiféré pour rendre un tel acte légal ne change rien au fait qu’il s’agit bien d’une aide au suicide.

Lors de l’émission télévisuelle soulignant le vingtième anniversaire de Tout le monde en parle, le journaliste Patrice Lagacé qualifia l’aide médicale à mourir (AMM) « d’avancée civilisationnelle extraordinaire ». Tous les invités qui prirent la parole sur ce sujet ne tarirent pas d’éloges sur cette pratique. J’ai été surpris de constater cette unanimité. Ce consensus sur une question aussi fondamentale m’apparaît suspecte. On annonce pour l’automne 2024 une émission à Télé-Québec avec l’animateur Stéphan Bureau ; j’espère que cette émission, Une époque formidable, qui devrait aborder d’importants enjeux de société, permettra d’entendre un autre son de cloche que celui que j’ai entendu à Tout le monde en parle. Un débat sur cette pratique, sur sa légitimité rationnelle plutôt que juridique, sur son bien-fondé civilisationnel, est urgent.

Le courage de vivre
Que nous soyons abasourdis, voire, terrifiés, tétanisés de peur au pronostic d’un médecin qui nous annonce une maladie dégénérative, qui ne le comprendrait pas ? Mais je me demande si, parfois, nous ne nous faisons pas du cinéma « sur l’écran noir de nos nuits blanches », en hypertrophiant les maux d‘une éventuelle dégénérescence. Un livre lu il y a plusieurs années m’a amené à relativiser et à considérer que même des maladies qui m’apparaissaient terrifiantes, peuvent être supportables. Il s’agit du livre de Mitch Albom intitulé La dernière leçon. L’auteur y raconte les dernières années de la vie de Morrie Schwartz, un professeur universitaire d’origine juive qui aimait la vie, enseigner et danser. Son médecin lui apprend un jour qu’il est atteint de la maladie de Charcot, une maladie neurodégénérative grave. On lui apprend que bientôt, il ne pourra plus danser, enseigner, et qu’il va perdre son autonomie. Certains veulent se suicider pour moins que ça, comme ce militaire dans le film Il danse avec les loups, qui chercha à s’enlever la vie quand on lui annonça qu’on devait l’amputer d’une jambe. Pas Morrie. Il continua à faire tout ce qu’il pouvait faire tant qu’il le put, puis il accepta l’aide de ses proches quand il en devint incapable. Pourquoi, sachant tout ce qui allait lui arriver, décida-t-il de continuer de vivre ? C’est simple. Il aimait la vie, et tant qu’il lui en resta une parcelle, comme entendre les oiseaux chanter, il alla jusqu’au bout. Il le fit aussi par amour des autres. Professeur dans l’âme, il voulut donner une dernière leçon de vie à un ancien étudiant qu’il affectionnait, Mitch Albom. Il voulut lui enseigner, non en paroles, mais en acte, qu’on peut rester digne dans la maladie et la souffrance, que la vie est un combat et qu’il faut prendre son courage à deux mains pour la mener jusqu’au combat final, l’agonie, mot qui tire son origine du grec ancien agôn qui signifie justement combat. Leçon de vie, d’humilité et de foi, car Morrie répétait constamment ces paroles du poète Auden : « Aimez-vous les uns les autres, sinon vous êtes perdus ».

Les limites de la compassion
Je doute que l’AMM constitue un grand pas pour l’humanité, ou soit une « avancée civilisationnelle extraordinaire ». Je m’inquiète de voir nos dirigeants promulguer une loi mortifère qui décime ses citoyens ; c’est une première dans l’histoire de l’humanité. Peu de gens semblent se préoccuper du nombre exponentiel de gens qui la demandent et de son extension. Au Québec, on est passé de 6 cas en 2015 à 5211, de mars 2022 à mars 2023, et on plaide pour l’étendre aux personnes dont le seul problème médical invoqué est une maladie mentale. L’appellation aide médicale à mourir présente cette pratique comme un acte de compassion, mais cette dénomination n’est-elle pas trompeuse, voire racoleuse, car, en fait, on est en présence d’un acte médical qui consiste à aider des gens à se suicider ; un médecin, qui a prêté le serment de ne jamais provoquer la mort délibérément, enlève la vie à un malade ; une personne souffrante demande l’aide d’un médecin pour se suicider. Qu’on ait légiféré pour rendre un tel acte légal ne change rien au fait qu’il s’agit bien d’une aide au suicide.

Notre esprit oblitère la gravité du suicide et de l’euthanasie. Pourquoi ? Parce que nous n’y voyons que de la compassion à l’égard de la souffrance d’autrui, mais ne faudrait-il pas se demander si ce sentiment de compassion est toujours vraiment bénéfique ? Ne pas avoir assez de compassion est déplorable, mais se pourrait-il qu’en avoir trop puisse parfois être néfaste ? On doit soulager la souffrance, mais est-il sensé de tuer pour soulager la souffrance, alors qu’il y a une alternative comme les soins palliatifs ? J’entends souvent dire que l’AMM et les soins palliatifs (SP) s’équivalent plus ou moins, du moins quant à la sédation finale. C’est inexact. Dans le cas de l’AMM, il s’agit d’une injection létale qui met fin à une vie avant son terme naturel, alors que dans le cas des SP, il s’agit d’’une sédation profonde au terme naturel d’une vie humaine.

On me permettra de conclure par une question : où est donc passé le respect sacré pour la vie que nos ancêtres nous ont légué ?

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Voici trois articles témoignant du désir des hommes de prendre la parole sur les relations homme femme.

Plusieurs articles de la présente Lettre de l’Agora (Été 2024) traitent de la femme. Dans sa Lettre à Ève, Me Jacques Larochelle clame son amour pour la femme, pour la force de sa beauté et de son amour, reconnaît le bien-fondé des droits qu’elle s’est acquis au cours des 100 dernières années, mais s’inquiète aussi de la voir délaisser les champs de l’amour où elle excelle, pour rivaliser avec l’homme et convoiter les honneurs factices que distribue la société. Il déplore encore dans son texte « l’impossibilité absolue de discuter franchement de ces questions » et « les conditions actuelles de fanatisme et d’irrationalité qui règnent sur ce point »

Cette absence de parole masculine dans l’espace public inquiète tout autant Jean-Philippe Trottier dans son article intitulé Après cent ans de féminisme, où est la parole masculine. Dès 2007, cet homme a pris la parole dans son livre Le grand mensonge du féminisme, mais la mainmise féministe des journaux du Québec a tôt fait d’étouffer sa voix par son silence.

La réflexion que Georges-Rémy Fortin nous propose dans son commentaire sur le dernier film de Denys Arcand recoupe les deux textes dont je viens de parler, car il juge qu’au-delà des propos satyriques du cinéaste à l’endroit des artistes, journalistes, politiciens et tristes dérives de notre société, les relations entre les hommes et les femmes constituent le sujet le plus profond du film. Ce professeur de philosophie montre qu’Arcand illustre bien dans son film que « les femmes agissent et décident. Elles donnent le ton à la vie sociale, aussi bien dans la contestation que dans l’autorité». Néanmoins, la description que fait Denys Arcand des femmes au pouvoir dément un leitmotiv du néoféminisme à savoir que «lorsque les femmes seront au pouvoir, la politique sera plus humaine », et montre le désarroi des femmes suite au décès de leur conjoint. Les hommes quant à eux tiennent des rôles secondaires, à l’exception du principal personnage masculin, Jean-Michel Bouchard, interprété avec brio et sensibilité par Rémy Girard. Ce protagoniste ne tient pas un rôle de héros, il n’est qu’un petit archiviste sans ambition, mais il est le personnage le plus touchant. Comme le dit si bien George-Rémy, Jean-Michel a développé une sorte «de virilité humble». C’est lui, qui par son réalisme et son humour dédramatise la crise existentielle de Suzanne Francœur, la directrice de sa résidence ; il redonne espoir à cette femme humiliée et tablettée par la ministre de la Santé en l’invitant à délaisser la place publique pour redécouvrir l’amour et la vie familiale, se redonnant ainsi à lui-même le goût de vivre. Conclusion qui rappelle les propos de Me Larochelle dans sa Lettre à Éve.

Ces trois articles témoignent du désir des hommes de prendre la parole sur les relations homme femme. On annonce pour l’automne 2024 une émission ( Une époque formidable ) à Télé-Québec avec l’animateur Stéphan Bureau, émission, qui doit aborder d’importants enjeux de société. Espérons qu’on entendra enfin sur la place publique une parole masculine pour discuter et débattre franchement de ces questions dont celles des « conditions actuelles de fanatisme et d’irrationalité » qui, au jugement de plusieurs hommes, entravent la réconciliation des vues masculines et féminines.

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Lettre de L'Agora - Hiver 2025